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Page:Allemane - Mémoires d’un communard.djvu/89

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mémoires d’un communard

Le malheur voulut qu’il fût immédiatement reconnu par un de nos collègues du Comité de légion qu’il avait fait arrêter en 1869, près du café de la Source, boulevard Saint-Michel.

Le quidam essaya de nier, mais ce fut inutilement. Je lui fis comprendre que je tenais le sieur Montagne pour un agent versaillais et que je n’avais consenti à le recevoir, lui, son ami, qu’afin de le faire arrêter.

Il était blême de peur. Je le remis entre les mains des gardes nationaux et j’exposai aux citoyens Muraz et Aconin, tous deux délégués de la Commune à la mairie, le motif de cette arrestation en leur proposant de faire arrêter son complice, le sieur Montagne. Ils s’y refusèrent, prétextant que ce dernier avait été victime de sa bonne foi. D’où venait cette confiance incompréhensible en un drôle comme Montagne ? Qui l’avait recommandé à Régère et à ses adjoints ? Que de choses sont demeurées obscures !

Au Comité de légion nous possédions une autre vermine, le sieur D…, dont nous ne pûmes jamais nous débarrasser, soutenu qu’il fut par tous les membres de la Commune de l’arrondissement, auprès desquels Régère l’avait chaudement recommandé, car le sieur D… le renseignait sur les faits et gestes du Comité.

Ce fut surtout parmi le personnel des ponts et chaussées, placé sous la direction de M. Alphand, que M. Thiers recruta le plus d’espions, et Ducatel ne fut pas le seul à faire volontairement la police pour le compte de Versailles. Il y aurait là toute une ténébreuse machination à mettre en lumière et dont la mémoire de M. Alphand ne tirerait pas grand profit.