pression exercée par le grand nombre, et réserve toutefois à la volonté nationale autant de latitude qu’elle en aurait dans une république, si cette volonté y était toujours juste et éclairée. C’est, en un mot, le plus savant mélange de toutes les forces sociales combinées pour la liberté, la grandeur et la félicité de tous. Les progrès de la civilisation ne peuvent plus tendre qu’à perfectionner et compléter, de plus en plus, ce mode de gouvernement à l’aide des croyances chrétiennes et des institutions communales ; et nous ne croyons pas que le dernier triomphe des lumières publiques puisse être autre que la récolte de tous les fruits portés par une polycratie monarchique et religieuse.
Ainsi l’erreur de ceux qui croient au triomphe, chez nous, de la vieille démocratie, c’est à dire de la majorité numérique, n’est pas moins grave que celle qui est commise par les Israélites politiques qui attendent toujours le rétablissement de l’ancien temple, c’est à dire d’un ordre de choses à jamais détruit.
Je résous donc négativement la question de savoir si nous serons irrésistiblement emportés vers la démocratie, à peu près comme les vaisseaux qui, s’égarant près d’une certaine côte de la Norwége, sont peu à peu attirés, en dépit de toutes leurs manœuvres, par des courants mystérieux, vers un tourbillon prêt à les engloutir.
Le but de cet ouvrage est de chercher les lois du gouvernement des classes moyennes : ces lois n’ont pas encore été formulées[1]. Cependant, s’il est vrai que
- ↑ MM. Guizot, Michel-Chevalier et Louis de Carné ont abordé, dans la mesure de leurs talents respectifs, cet important sujet ; le premier dans deux mémorables discours prononcés récemment à la Chambre des députés, le second dans un chapitre de son ouvrage sur l’Amérique du Nord, le troisième dans un article inséré dans la Revue des Deux-Mondes. Voyez à la fin de ce volume quatre notes composées d’extraits de ces morceaux plus ou moins remarquables.
