Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome I.djvu/20

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notre gouvernement ne soit ni le despotique, ni l’oligarchique, ni le démocratique, ni le gouvernement mixte-aristocratique, tel qu’il existe en Angleterre, il doit aussi avoir sa théorie comme ces divers gouvernements si admirablement analysés dans l’Esprit des Lois.

Mais qu’on le sache bien : l’auteur ne se livre pas à de vains rêves ; il ne fait pas de théories abstraites ; il applique toutes ses recherches à l’état actuel de la France, rend ses formules vivantes, les fait tomber dans le temps et dans les hommes, et tire de l’examen de tous les éléments de notre organisation sociale ces conclusions :

Que le gouvernement des classes moyennes est un gouvernement possible ;

Qu’il diffère à la fois du gouvernement aristocratique pur, du gouvernement démocratique pur, et du gouvernement mixte connu jusqu’à présent ;

Qu’il établit une aristocratie mobile, ou, ce qui est encore plus vrai, une démocratie tempérée, et réalise ces paroles de Montesquieu : « Plus une aristocratie approchera de la démocratie, plus elle sera parfaite » (Esprit des Lois, liv. II, chap. III) ;

Que ce gouvernement n’est possible qu’à la condition de s’allier avec la royauté ;

Qu’enfin il aura en France des chances de durée, de puissance et de prospérité, s’il s’affermit sur les bases qui lui sont propres, en se dégageant de toutes les formes de gouvernement vieillies, avec lesquelles quelques uns de ses meilleurs amis, préoccupés du passé, pourraient commettre la méprise de le confondre.

Un danger qu’on présage aux classes moyennes est la tentation de se faire noblesse. Elles tomberont,