Page:Alletz - Discours sur la république de Venise.djvu/32

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et Bellune. Enfin les Vénitiens assiègent Padoue, défendue par son seigneur avec un sublime courage ; ils prennent cette ville d’assaut, l’incorporent à leurs domaines, et font périr juridiquement François Carrare, trop digne, à leurs yeux, d’admiration, pour ne pas l’être de la mort.

Plus tard Venise se fait céder Corinthe par le prince de Morée qu’elle a défendu contre les Turcs ; et elle arrache au patriarche d’Aquilée et au roi de Hongrie, ligués contre la république, le Frioul et d’autres places qui achèvent de la faire régner sans partage sur les rivages du golfe, depuis l’embouchure du Pô jusqu’à Corfou. Ambitieuse de conquérir plus de terre ferme sur le continent, elle s’y brouille avec le duc de Milan, et, par la prise des provinces de Brescia et de Bergame, s’étend jusqu’à la rive gauche de l’Adda ; elle pousse de ce côté : on la voit successivement acquérir les villes de Lonato, Valeggio et Peschiera, dans le marquisat de Mantoue, s’emparer de l’État de Ravennes, se faire céder la province de Crème ; enfin elle se retourne vers l’archipel, et ajoute au domaine de la république le royaume de Chypre et les îles de Véglia et de Zante.

Les Génois avaient été les implacables ennemis des Vénitiens, aussitôt que la jalousie du commerce s’était allumée entre ces deux peuples qui se disputaient le transport des marchandises d’Asie en Europe. Ce fut vers le milieu du treizième siècle que commença leur guerre maritime dont les premières fureurs étonnèrent les infidèles eux-mêmes, en Terre-Sainte. Les Génois perdirent, coup sur coup, cinq batailles navales. Les deux peuples se battaient, dans la Méditerranée, en vrais corsaires. Les Vénitiens, plus politiques que leurs rivaux, s’étaient alliés avec les Pisans : il y eut toutefois un moment où Gènes faillit prévaloir. Après avoir brûlé ou détruit deux flottes à sa rivale, elle