Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

236

époux, ami citoyen il est joueur. Son amour pour les êtres animés s’est évanoui. Les caresses ou les larmes de ses enfants qu’il peut réduire en une heure à coucher sur la paille, trouvent son cœur aussi dur que l’or, objet de sa honteuse passion. Peu lui importe quels sentiments il inspire. Il n’a ni la volonté ni le temps de plaire la haine lui est aussi inconnue que l’amour. Il s’apercevrait à peine d’une offense, ou il l’oublierait devant le tapis vert. Il ne se doute pas qu’il y ait ici-bas d’autres hommes que ceux avec lesquels il joue (I). Son intelligence est misérablement occupée s’il a perdu la veille, il médite sérieusement comment il aurait dû jouer pour ne pas perdre, et s’il a gagné, pourquoi il a gagné. Il repasse en son esprit toutes les vaines combinaisons amenées devant lui par le jeu, et bâtit sur les caprices du hasard de laborieux calculs dont se rira le sort. Il est amené par ce culte de la fortune à la doctrine du fatalisme. L’idée d’une suprême intelligence, gouvernant le monde avec sagesse est étrangère à celui qui attend sa destinée de la couleur d’une carte (2). (1) Idée d'amour. (2) Idée de puissance.