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Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/261

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Si une foi vive et ardente brûle en notre cœur, nous nous surprenons à envier la destinée de ces hommes, qui, dégagés de toute affection terrestre, se faisaient dans leur cœur une solitude plus grande encore que celle dont ils étaient environnés, et qui avalaient comme un poison divin ce pur amour qui les faisait mourir à tout ce qu’aiment les autres hommes ; mais si nous portons, au milieu de ces ruines saintes, les désirs et les penchants terrestres, nous frémissons à la seule image d’un tombeau anticipé, et nous nous félicitons de voir détruite par le temps cette prison qui aurait englouti tant de victimes[1].

Les débris que nous foulons aux pieds, le silence qui règne sous ces portiques, les images de la destruction éparses de tous côtés, nous avertissent que le mouvement et la vie se sont retirés de ces lieux. Il y a un plaisir à se sentir créature vivante, là où tout est vide, muet et dépeuplé. On mettrait volontiers la main sur son cœur pour s’assurer qu’il bat encore. Aussi l’une des choses qui attirent le plus nos yeux et provoquent le mieux notre rêverie, c’est la vue du lierre revêtant de son manteau de feuillage un reste de mur, et grimpant autour des colonnes ; de ce verdoyant ormeau qui ombrage la cour du couvent ; de ces riantes prairies

  1. Idée d’amour.