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Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/262

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et de ces bois touffus qu’on aperçoit de tous côtés par les brèches qui donnent sur la campagne. Nous voyons la nature dans sa fraîcheur à côté des ravages du temps, et notre âme achève de se plonger dans une mélancolie pleine de charmes, au concert de ces oiseaux qui chantent l’hymne de vie en voltigeant de ruine en ruine : doux et charmants symboles de ce qui existe et se renouvelle, au milieu du funèbre spectacle de ce qui tombe et ne se relèvera plus[1].

Les ruines sont l’empire du mystère. L’imagination reconstruit ce que le temps a renversé ; elle rend des habitants à l’édifice désert. On refait à son gré leur histoire. Tout ce qu’on rêve fut possible. Si les traditions locales et des connaissances précises vous permettent de ranimer cette poussière et de faire mouvoir dans l’enceinte du couvent les ombres des moines, le plaisir du voyageur s’accroît : nous exerçons le pouvoir magique de souffler sur des ossements[2].

Le mélange pittoresque de ces débris, les détours sans nombre de ce pieux dédale, les échappées de vue vers le ciel et l’horizon, les jeux du lierre et des plantes suspendus aux arceaux mutilés ; tous ces accidents d’ombre et de lumière, ces

  1. Idée d’existence.
  2. Idée de vérité.