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fontaines, qui est comme une réponse que le temps fait à notre pensée. Au milieu de ces restes qu’ont épargnés les siècles, de ces colonnes qui sont restées debout, de ces statues, cadavres de marbre, de ces grandeurs mises en poussière, on s’étonne presque de respirer et de se mouvoir (1). Cette ville doit être chérie à la fois par le poëte, l’artiste, l’antiquaire, l’historien, le philosophe et le politique. L’enthousiasme ne se lasse point d’interroger son ciel, la curiosité de fouiller ses ruines. Le monument qu’on étudie est en même temps le maître et la leçon : la même ruine qui sert à fixer une date et à recomposer l’histoire est poétique et pittoresque. La science est éclairée par ce que les ans ont épargné ; et ce que le temps a détruit éveille la pensée et charme l’imagination. Tous ces marbres qui prêtent au corps humain une beauté si merveilleuse sont comme les images d’une race moitié humaine et moitié divine. Chaque homme porte en soi l’idée vague d’une perfection dont il croit tout à coup reconnaître l’expression réalisée. C’est ainsi qu’en admirant les peintures de Michel-Ange et de Raphaël, on se trouve juge d’une vérité qui n’existe que pour l’âme humaine (2). (1) Idée d’existence. (2) Idée de vérité.