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que c’est nous-mêmes qui avons créé ce monde meilleur où nous sommes transportés (1).

Il est impossible d’analyser les nuances innombrables de la jouissance due à la variété des notes, à l’accélération ou à la lenteur du mouvement, à la durée inégale des pauses. Il y a des lois qui règlent cette jouissance même, et auxquelles le compositeur a dû se conformer ; mais le plus souvent elles nous sont inconnues, et l’enchaînement des accords est comme un langage étranger que nous devinons sans l’avoir appris. Le retour des mêmes sons les variations d’un motif qui s’éloigne et reparaît, ressemblent aux évocations qui nous rendraient les ombres chéries de ceux que nous pleurons. La musique exprime ce qui dans nos souvenirs ou nos espérances, semble inexprimable. Elle nous apprend à trouver dans notre cœur mille choses qui s’y cachaient. Le plaisir d’errer dans un parc, dessiné d’une manière pittoresque, où se combinent avec une diversité toujours renaissante les eaux, les prairies, l’ombrage et les fleurs, peut seul fournir une image de la jouissance mystérieuse que procure la musique ; et notre plaisir est augmenté par la difficulté où nous sommes de nous l’expliquer (2).

(1) Idée d’existence. (2) Idée de vérité.