Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous admirons. Nous nous baissons follement pour soulever une montagne ; notre œuvre que dans le moment de l’effort nous avions trouvée sublime se rapetisse, se refroidit, se décolore ; et nous touchons les bornes fatales que la nature a mises aux facultés de notre esprit[1].

Avons-nous obtenu la gloire ? il nous est impossible d’évoquer devant nous à chaque instant tous nos admirateurs ; nous voyons tant d’inepties usurper les applaudissements, que les suffrages perdent leur prix. La gloire ne sauve pas de l’ennui, de la calomnie, de la trahison, de la douleur. Il y a toujours un homme plus célèbre que nous ; s’il n’existe pas, il a existé. Enfin nous ne pouvons exceller dans tous les genres : nos imperfections nous piquent, et notre couronne se fane.

Dans les charges que notre ambition convoite et obtient, la haine, l’envie l’ingratitude nous attendent ; le travail nous dévore ; les circonstances ont plus de génie que nous ; et quand nous sommes précipités, c’est souvent par les causes mêmes qui nous avaient élevés.

Les illusions ne tiennent compte ni de la durée dans le temps, ni de l’étendue dans l’espace, ni des

  1. Idée d’intelligence.