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comme l’éclair, et qu’un mouvement contraire
emporte vers le lieu d’où l’on vient ! Vous voici
dans une ville étrangère : votre arrivée n’y est un
plaisir pour personne ; vous n’occupez de place
dans aucun souvenir ; tous les cœurs battent, mais
pour d’autres que vous. Des milliers de personnes
vous rencontrent, vous regardent vous touchent
et ignorent que vous existez. Il n’y a que vous-même
qui sachiez votre nom et preniez intérêt à
votre destinée.
Vous errez tristement pour visiter les curiosités d’un pays nouveau ; et vous vous trouvez moins seul en présence d’un monument, d’une ruine, d’un beau site. Votre admiration est un entretien avec l’art, le passé, la nature.
Cependant quand l’émotion vous gagne, ou que l’enthousiasme vous domine, vous vous retournez involontairement pour verser, comme de coutume, le trop plein de vous-même dans un cœur sympathique, et vous ne rencontrez que visages « sans relation avec votre passé ni avec votre avenir (1). »
Vous rentrez dans ce logement qui vous appartient pour un jour ; et c’est là que vous sentez mieux la rupture de vos plus chères habitudes et l’éloignement de vos foyers. Ce lit vénal vous fait
(l) Madame de Staël.