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images fournies par les sensations sont rares et décolorées, et, faute de bons matériaux la réflexion diminue et languit. Regardez le soleil à travers un prisme grossier, ce ne sera plus l’astre du jour, mais un globe terne et difforme ; ainsi en est-il de l’âme qui, au déclin de la vie. n’entrevoit plus les choses qu’à l’aide de sens trompeurs et imparfaits. Ce qui est véritablement le vieillard chez l’homme, c’est le corps l’intelligence n’a point d’âge, il n’y a pour elle ni enfance ni décrépitude ; le vêtement souillé tombera quelque jour en poussière, et l’esprit, comme la perle longtemps enfermée sous l’écaille, brillera d’un éclat qui fut caché, mais non détruit.

Je n’en voudrais d’autre preuve que le privilège accordé à certains hommes, qui, bien que rassasiés d’années, se soutiennent et résistent par la vigueur du caractère ou de l’esprit. On s’aperçoit qu’en eux la matière n’est pas seule ; plus elle s’en va, plus elle est transparente et laisse briller la volonté et la pensée. Ces nobles créatures ont un principe de vie qui n’appartient qu’à elles ; une lumière inaccoutumée brille sur leur front pâle et sillonné ; elles nagent dans la vie en remontant le courant. L’homme qui a toujours exercé les facultés de son esprit et maîtrisé ses passions, existe et jouit d’une manière toute mystérieuse. Plus ses liens s’appesantissent, plus il se montre fait pour