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être libre. Il assiste à la ruine de ses organes, la contemple, la retarde, et semble ne devoir mourir qu’au moment où il y consentira (1).

Les infirmités de l’âge nous réduisent quelquefois à une pénible sujétion. Nous sommes dans la dépendance de ceux mêmes qui nous servent ; ils murmurent contre nous, osent nous réprimander, règlent notre vie nous avons nos valets pour tyrans. Mais je ne connais pas d’objet plus digne de pitié que le vieillard qui se trouve à la discrétion d’enfants ingrats et dénaturés ; c’est la faiblesse qui ne peut se défendre, ce sont les cheveux blancs qui ne doivent pas être humiliés, c’est la majesté paternelle qui réclame l’amour. L’homme au penchant de la vie est intéressant par sa faiblesse, et nous sommes indignés des humiliations qu’on lui fait subir, comme d'un acte de lâcheté. Il y a, en outre, dans un grand âge, un caractère si vénérable, que lui manquer de respect c’est se rendre coupable de profanation enfin, l’enfant qui ne rend pas à son père le respect qu’il lui doit, outrage Dieu même, et tel est à cet égard le sentiment unanime que, dans toutes les langues, le devoir filial se nomme piété.

Le vieillard a quitté la scène des affaires, des intérêts et des ambitions. Le souvenir de ce qu’il a


(1) Idée d’intelligence.