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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/22

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avait provoqué la Révolution de Meiji en soulevant contre le Shôgounat les conservateurs à outrance, exaspérés par les traités qui avaient commencé d’ouvrir l’Empire aux étrangers. Et maintenant, il mettait en mouvement ceux qui rêvaient de faire, à tout prix, du Japon une puissance capable de se mesurer avec les nations occidentales et qui voulaient initier leur patrie à tous les progrès réalisés ailleurs. « À leurs yeux, dit M. Yamaji Aizan, tout ce qui était japonais était mauvais et devait être banni ; au contraire, tout ce qui venait de l’étranger était bon, et il fallait l’adopter… Dans les rues de Tôkyô, on ne voyait partout que des enseignes de professeurs de langues étrangères qui vivaient au jour le jour en apprenant un mauvais anglais à leurs élèves trop férus d’exotisme. »[1] La petite Église chrétienne de Yokohama, qui s’était constituée dans l’ombre, n’avait pas tardé à vivre en pleine lumière. « Depuis six mois qu’elle est organisée, pouvait écrire le missionnaire Thompson, ni elle, ni aucun des vingt-six membres dont elle se compose, n’a eu à souffrir la moindre persécution, quoique tout s’y passe au grand jour et que, au su de qui veut le savoir, des services y soient célébrés tous les jours. » L’ère de la tolérance, sinon de la liberté garantie, semblait s’annoncer.

Cette tolérance n’existait guère, d’ailleurs, que

  1. Étude critique du Christianisme au Japon (Mélanges japonais), no 13, janvier 1907, pp. 129-131).