Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivent ses réunions. Elle se résout sans retard à construire un temple. En trois jours, elle rassemble, pour cet objet, plus de 730 francs[1]. Il est clair qu’il n’y a pas là tout simplement un ramassis de besogneux dont le seul souci est de frapper à la bourse des étrangers candides. Il est non moins clair qu’il y a là un véritable « emballement » qu’il serait par trop absurde d’attribuer à une crise profonde des consciences.

Les documents originaux qui traduisent cet état d’esprit sont extrêmement curieux. Je n’en rappellerai qu’un : le manifeste lancé, en 1884, par M. Foukouzawa, l’un des représentants les plus en vue de la presse d’Extrême-Orient, qui le publia, en une série d’articles, dans son journal, le Jiji-Shimpô. Ce manifeste est topique. Il a pour but d’engager les amis du progrès à adopter le christianisme. Son auteur confesse — ce que tout le monde savait — qu’il avait été d’abord très peu favorable à la propagande évangélique et qu’il avait même compté parmi ses adversaires les plus décidés. Il déclare qu’il change d’attitude, mais il s’empresse d’ajouter que ce n’est point par un mobile religieux : c’est par politique. Il a fait deux voyages scientifiques en Europe et en Amérique, et il a acquis lentement la conviction que la civilisation occidentale, dont il envie la puissance, est un produit historique du christianisme. Il faut donc que le Japon, pour égaler un jour l’Europe, passe, lui aussi, par le christia-

  1. Allg. Missionszeitschrift, 1881, p. 427.