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nisme. Ce n’est sans doute qu’une station pour aller plus loin, mais c’est une station nécessaire. Dans le conflit qui met aux prises le bouddhisme nippon et le christianisme, le premier apparaît comme un vieillard qui s’en va, chancelant, vers la tombe, tandis que le second est, comme un adolescent, vigoureux et plein d’espoir. Il faut se rallier à ce qui a pour soi l’avenir. En somme, M. Foukouzawa posait, avant M. Demolins, la fameuse question : « D’où vient la supériorité des Anglo-Saxons ? » Il ne songeait pas à chercher dans la petite barque des Scandinaves le point de départ de leur formation particulariste. Il découvrait l’origine de cette supériorité dans une morale fortement individualiste. : cette morale est la morale chrétienne, il faut s’en emparer et en vivre, sauf à laisser de côté la foi qui s’y associe.

Ce manifeste fit beaucoup de bruit. Les sectateurs du chintoïsme, du bouddhisme et de la morale de Confucius relevèrent le défi. Leur riposte fut vive. Mais l’opinion générale, dans les milieux cultivés où ce problème se discutait, paraissait être avec le directeur du Jiji-Shimpô. Le sentiment religieux n’y était pour presque rien ; mais, de même que l’on adoptait alors avec enthousiasme le chapeau « melon » pour ressembler davantage à l’Occidental, on trouvait utile de se régler sur celui-ci même pour les choses spirituelles. Quelque temps après la publication de ce manifeste, le directeur de l’école navale d’Yokousaka pria un missionnaire évangé-