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Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/41

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lique de faire à ses élèves un cours de langue anglaise et de religion chrétienne. L’auteur lui-même du manifeste annonça, vers la même époque, que, toujours sans conviction religieuse, il demandait à être inscrit avec sa famille dans l’Église anglicane[1]. Ce n’étaient point là des faits sans précédents. Le 10 mars 1882, M. Itagaki, qui venait d’organiser le parti libéral, avait dénoncé dans une réunion publique, à Kôfu, le bouddhisme, le confucianisme et le chintoïsme comme des obstacles au progrès de la nation, et il avait ajouté que toutes ses sympathies allaient à la religion chrétienne. Il avait ensuite réclamé de l’Église presbytérienne japonaise un missionnaire pour sa ville natale : il s’engageait à couvrir la moitié des frais.

Le gouvernement était forcé de suivre l’opinion, — du moins cette partie de l’opinion qui avait le plus d’influence sur le développement du pays. Car une autre partie — il est presque inutile de le remarquer — était loin d’approuver toutes ces nouveautés spirituelles. Il n’avait pas seulement à tenir compte de l’énorme masse qui était profondément indifférente à tout cela. Dans une portion du peuple, les efforts de la propagande chrétienne excitaient une vive défiance et des rancunes violentes. Ici et là, malgré les ordres du gouvernement et malgré le soin

  1. Il était inscrit comme « paroissien », mais non comme « membre communiant ». Cette distinction équivaut à celle qu’il y a, dans bien d’autres espèces de sociétés, entre les membres « associés » et les membres « actifs », ceux-ci étant les vrais membres.