Aller au contenu

Page:Almanach de la cooperation 1869.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auquel la semence est confiée. Objet d’utilité pure, créature essentiellement passive, inférieure, elle obéit successivement à son père, à son mari, à son fils. Là, comme dans la Bible, comme dans l’Église, déclarée cause de péché, c’est elle qui paye par le mal dont elle est l’occasion, souvent la victime. Elle n’est pas la seule sacrifiée d’ailleurs à cette conception étrange, douloureuse de l’ordre ancien, dont ce code est le monument le plus accentué. Du Soudra, qui porte tout le poids des autres castes, jusqu’au Brahmine, martyr de la prière et de la loi, tout le devoir consiste dans la soumission et dans la souffrance.

C’est la vieille conception autoritaire qui fait de l’être humain le rouage d’un ordre préconçu, au lieu de faire dériver cet ordre de la propre nature humaine.

Cette conception se retrouve partout, plus ou moins. Les républiques sont en général aristocratiques ; elles ont du moins l’esclavage ; toujours le sacrifice de la liberté de certains est jugé nécessaire à l’ordre public, sans parler des murs du gynécée. Le christianisme se greffa sur la philosophie hindoue. Il en fut ainsi jusqu’à la Révolution, qui proclama le droit humain.

Mais la conception de l’ordre, dans l’esprit du soldat qui imprima sur nos codes le cachet de sa brutalité, était au fond la même que celle de Manou. Cependant,