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Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/133

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MÛRIER BLANC

spontanée y est moins sûre, attendu que ces pays sont peuplés et que les graines de Chanvre peuvent se répandre aisément hors jardins. L’ancienneté de la culture en Chine me fait croire que l’habitation s’étend assez loin vers l’est, quoique les botanistes ne l’aient pas encore constaté[1]. M. Boissier indique l’espèce en Perse comme « presque spontanée ». Je doute qu’elle y soit indigène, parce que les Grecs et les Hébreux l’auraient connue plus tôt si elle l’était.

Mûrier blanc. — Morus alba, Linné.

Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour l’éducation des vers à soie est le Morus alba. Ses variétés, très nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe[2] et plus récemment par M. Bureau[3]. La plus cultivée dans l’Inde, le Morus indica, Linné (Morus alba, var. indica, Bureau), est sauvage dans le Punjab et à Sikim, d’après Brandis, inspecteur général des forêts de l’Inde anglaise[4]. Deux autres variétés, serrata et cuspidata, sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses provinces de l’Inde septentrionale[5]. L’abbé David a trouvé en Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom de Mongolica par M. Bureau, et le Dr Bretschneider[6] cite un nom Yen, d’anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. Il ne dit pas, il est vrai, si ce nom s’applique au Mûrier blanc : Pe (blanc)-Sang (Mûrier), des cultures chinoises[7]. L’ancienneté de la culture en Chine[8] et au Japon, ainsi que la quantité de formes différentes qu’on y a obtenues, font croire que la patrie primitive s’étendait à l’est jusqu’au Japon, mais on connaît peu la flore indigène de la Chine méridionale, et les auteurs les plus dignes de confiance pour les plantes japonaises n’affirment pas la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier[9] disent : « cultivé depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. » Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s’accommoder surtout des pays montueux et tempérés, par où l’on peut croire qu’il aurait été jadis introduit du nord de la Chine dans les plaines du midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes.

  1. M. de Bunge a trouvé le Chanvre dans le nord de la Chine, mais dans des décombres (Enum., no 338).
  2. Seringe, Description et culture des Mûriers.
  3. Bureau, dans de Candolle, Prodromus, 17, p. 238.
  4. Brandis, The forest flora of north-west and central India, 1874, p. 408. Cette variété a le fruit noir, comme le Morus nigra.
  5. Bureau, l. c., d’après des échantillons de divers vovageurs.
  6. Bretschneider, Study and value of chinese bot. works, p. 12.
  7. Ce nom est dans le Pent-sao, d’après Ritter, Erdkunde, 17, p. 489.
  8. D’après Platt, Zeitschrift d. Gesellsch. Erdkunde, 1871, p. 162, la culture remonte à 4000 ans avant J.-C.
  9. Franchet et Savatier, Enumeratio plantarum Japoniæ, 1, p, 433.