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OLIVIER

n’est plus certain, quoique M. Hehn ait dit récemment le contraire, sans alléguer aucune preuve à l’appui de son opinion[1]. Il serait intéressant de savoir sous quelle dynastie avaient été déposés les cercueils les plus anciens dans lesquels on a trouvé des rameaux d’Olivier. Le nom égyptien, tout différent du nom sémite, indique une existence plus ancienne que les premières dynasties. Je citerai tout à l’heure un fait à l’appui de cette grande antiquité.

Selon Théophraste[2], il y avait beaucoup d’Oliviers et l’on récoltait beaucoup d’huile dans la Cyrénaïque, mais il ne dit pas que l’espèce y fût sauvage, et la circonstance qu’on récoltait beaucoup d’huile fait présumer une variété cultivée. La contrée basse et très chaude entre l’Égypte à l’Atlas n’est guère favorable à une naturalisation de l’Olivier hors des plantations. M. Krahk, botaniste très exact, dans son voyage à Tunis et en Égypte, ne l’a vu nulle part à l’état sauvage[3], bien qu’on le cultive dans les oasis. En Égypte, il est seulement cultivé, d’après MM. Schweinfurth et Ascherson, dans leur résumé de la flore de la région du Nil[4].

La patrie préhistorique s’étendait probablement de la Syrie vers la Grèce, car l’Olivier sauvage est très commun sur la côte méridionale de l’Asie Mineure. Il y forme de véritables forêts[5]. C’est sans doute là et dans l’Archipel que les Grecs ont pris de bonne heure connaissance de cet arbre. S’ils ne l’avaient pas vu chez eux, s’il l’avaient reçu des peuples sémites, ils ne lui auraient pas donné un nom spécial, Elaia, dont les Latins ont fait Olea, L’Iliade et l’Odyssée mentionnent la dureté du bois d’Olivier et l’usage de s’oindre le corps avec son huile. Celle-ci était d’un emploi habituel pour la nourriture et l’éclairage. La mythologie attribuait à Minerve la plantation de l’Olivier dans l’Attique, ce qui signifie probablement l’introduction de variétés cultivées et de procédés convenables pour l’extraction de l’huile. Aristée avait introduit ou perfectionné la manière de presser le fruit.

Ce même personnage mythologique, du nord de la Grèce, avait porté, disait-on, l’Olivier en Sicile et en Sardaigne. Les Phéniciens, à ce qu’il semble, ont pu s’en acquitter comme lui et de très bonne heure, mais, à l’appui de l’introduction de l’espèce ou d’une variété perfectionnée par les Grecs, je dirai que dans les îles de la Méditerranée le nom sémite Zeit n’a laissé aucune trace. C’est le nom gréco-latin qui existe comme en Italie[6], tandis que sur la côte voisine d’Afrique et en Espagne ce sont

  1. Hehn, Kulturpflanzen, éd. 3, p. 88, ligne 9.
  2. Theophrastes, Hist. plant., l. 4, c. 3, à la fin.
  3. Kralik, dans Bull. Soc. bot. Fr., 4, p. 108.
  4. Schweinfurth et Ascherson, Beiträge zur flora Æthiopiens, p. 281.
  5. Balansa. Bull. Soc. bot. de France, 4, p. 107.
  6. Moris, Flora sardoa, 3, p. 9 ; Bertoloni, Flora ital., 1, p. 46.