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TROISIÈME PÉRIODE

C’est uniquement comme femme de lettres que nous avons à nous occuper ici de cette aimable et impeccable grande dame, essentiellement française de naissance, de cœur, de beauté, d’esprit. Non seulement elle a écrit de nombreux ouvrages, mais elle les a écrits dans une langue épurée qui la rend l’égale, pour notre siècle, de Mme de La Fayette pour le XVIIe siècle, et la place très au-dessus de la masse de nos romancières et moralistes modernes.

Peu de mois avant sa mort, nous lui avions communiqué notre projet de lui donner dans notre Anthologie la place à laquelle elle avait droit avant toute autre ; en nous donnant sur ses œuvres les renseignements indispensables, elle ajoutait dans sa lettre du 11 juillet 1892 :

En grâce, ne dites pas de moi un bien que je ne mérite pas, cela me rend confuse ! Je ne mérite que si peu d’éloges ! En dépit de mes efforts, il y a tant d’imperfections dans mon pauvre être !

Douée d’autant de modestie que de juste fierté, possédant une urbanité et une grâce exquises dans sa personne comme dans son esprit, elle conserva le sourire sur les lèvres, même dans les plus grandes souffrances, car elle souffrait depuis son enfance d’une goutte sereine et elle devait combattre vaillamment tous les jours pour se tenir debout. Elle avait eu à supporter bien des maladies et des ac-