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Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/390

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ANTHOLOGIE FÉMININE

un de ses plus spirituels chroniqueurs. Ses journaux, même les plus satiriques, n’ont pas la moindre place pour une certaine littérature de bas étage. Quant à l’Italie, qui s’obstina à ne pas reproduire même les comptes rendus des débats auxquels on m’avait si abominablement mêlée, comme si tous ces bavardages et querelles d’antichambre me regardaient, — elle se souvenait peut-être y — et l’éloignement, de même que la mort, rend impartial, — de cette femme de président de conseil, qui promena douze ans ses rêves et ses fantaisies dans les villes poétiques qui, tour à tour, l’inspirèrent, ne fut jamais mêlée à aucune intrigue, ne recommanda, ne patronna jamais aucune affaire, ne sollicita aucun emploi, ne posséda jamais aucune action dans aucune banque, aucun chemin de fer, aucune industrie, vit ses revenus s’amoindrir sensiblement au lieu de s’accroître, dans les jours de pouvoir des siens. Au bout d’un certain temps, la lumière se fait, la justice apparaît ; elle fait plus qu’apparaître, elle éclate ; après une si longue absence, un si profond effondrement d’une existence entière, les peuples et les gens vous rendent tout naturellement la place qui vous appartient, et ce n’est que justice ; de même que si l’on était mort, l’opinion publique vous juge en dernier ressort. Et c’est cette opinion publique, de laquelle nous relevons tous, à laquelle je me soumets, car je sais qu’au fond elle est toujours impartiale et vraie, que je sais posséder absolument, malgré les clameurs de quelques misérables, qui fait ma force, mon courage, ma consolation dans les luttes âpres de la vie. Et c’est surtout en Angleterre et en Italie que j’éprouve ce sentiment. Lorsque j’existais, lorsque j’étais en pleine for-