le temple[1] ; il reste sourd à la voix des prophètes Habacuc, Jérémie et Sophonie, et tombe en 588 sous la verge de Nabuchodonosor, le Babylonien. Jérusalem et son temple sont ruinés, et une grande partie du peuple est emmené captif. Jérémie console ceux qui demeurent en Judée ; Ézéchiel soutient les exilés. Et telle fut la dernière grande épreuve de la foi de ce peuple ; longtemps la captivité de Babylone resta comme l’expression vivante du plus terrible châtiment, de la plus affreuse misère. Brisés par la douleur, certains d’avoir dans le monde une autre destination que de périr misérablement au milieu d’un peuple abominable par ses croyances et ses mœurs, convaincus qu’ils s’étaient privés par leur infidélité et leurs divisions intestines des moyens d’accomplir cette destination supérieure, les captifs accablés s’asseyaient au bord du fleuve de Babylone et pleuraient des larmes amères au souvenir de Sion : leurs lyres demeuraient suspendues aux saules du rivage, et leur voix restait muette sur la terre étrangère[2]. Alors renaquit plus vif, s’accrut plus ardent et le désir d’expier ses fautes envers le Seigneur, et l’espérance du Sauveur promis. Ce sont surtout les prophètes de cette époque qui font entendre tous les tons de la douleur et de l’espérance, du repentir et de la confiance au Dieu bon, juste et puissant, dans un langage si profond, si simple et si majestueux, que jamais peuple du monde, jamais littérature humaine n’a pu l’égaler. Dieu et ses bienfaits, tel est le sujet de ces poésies sublimes. Leur forme harmonieuse et mesurée en augmente la force ; tout en charmant l’oreille elles enflamment l’imagination, touchent le cœur, s’impriment profondément dans la mémoire. Chères en tout temps à l’âme noble et pieuse par leur immortelle beauté, elles lui sont précieuses surtout dans le malheur et au sein des plus poignantes adversités. Dieu lui-même inspira ces chants sacrés, et son peuple élu fut le seul dont la poésie naquit d’une véritable inspiration divine, comme le prouvent avec une irrécusable évidence, les oracles sur le Messie, qui, à mesure qu’approche le temps de sa venue, deviennent plus clairs, plus précis, plus circonstanciés, plus explicites sur le temps et le
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