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répéter les mêmes miracles, les mêmes souffrances et les mêmes vertus. Les apôtres étaient d’autant moins inquiets de transmettre le souvenir de leurs travaux, qu’ils étaient plus jaloux de répandre la bonne nouvelle jusqu’aux confins de la terre. De là l’obscurité des traditions, l’incertitude des documents. Le fait le plus remarquable que nous en pouvons tirer, c’est que, douze ans après l’Ascension de leur divin Maître, les apôtres, avant de se séparer et de quitter Jérusalem, se partagèrent le monde et rédigèrent en commun le Symbole de la foi. Jacques, fils d’Alphée (qui n’est certainement[1] autre que Jacques le Μineur, le Juste, le frère du Seigneur), fut le premier évêque de Jérusalem. Estimé même par les Juifs à cause de sa justice et de sa douceur, il consolida son Église[2] par sa fermeté et rappela avec autant de force que de cœur, aux chrétiens nés Juifs, dans les contrées éloignées, la nécessité de la foi prouvée par les œuvres, dans son Épître catholique. Selon le témoignage assez probable de Flavien Josèphe, Jacques dénoncé par le grand prêtre Anne comme violateur de la loi, avant l’arrivée d’Albinus, le nouveau gouverneur, fut lapidé [an 63 apr. J.-C.], crime que les Juifs les plus zélés répudièrent eux-mêmes avec horreur, et qui, sur la demande adressée par eux au roi Agrippa, fit déposer le grand prêtre. Hégésippe, postérieur à Josèphe, raconte, dans Eusèbe, que Jacques, refusant de se déclarer contre Jésus, fut précipité par les scribes et les pharisiens du sommet du temple, et tué par un foulon armé de son instrument[3]. Ses successeurs dans l’épiscopat furent Siméon et Juste. Matthieu[4], apôtre et évangéliste, annonça la parole de

    l’Égl. rom., par les Bénéd. de Solesmes, 1837. Olshausen dit avec raison, au sujet des tendances négatives et destructrices des temps modernes, « que c’est une obligation d’autant plus rigoureuse pour la science vraie de mettre un grand prix à des témoignages authentiques, et de ne pas se laisser entraîner par de pures hypothèses. »

  1. Hug. Introd. au Nouv. Test., vol. II, p. 517 ; Schleyer, Gazette théol. de Fribourg, t. IV, p. 11-65, Cf. Guerike. Introd. au Nouv. Test., p. 483.
  2. Act. XV, 13.
  3. Cf. Flav. Jos. Antiq. XX, 9, 1. Voy. Credner, Introd. au Nouv. Test., p. 481 ; Heges. dans Eusèbe, Hist. ecclesiast., II, 1, 23 ; Stolberg, VIe part., p. 360-65.
  4. Rufin, Hist, ecclesiast., I, 9 ; Eusébe, Hist, ecclesiast., III, 24,39.