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celle de Galatée et de Corinthe. Ce fut après la mort de Jacques, évêque de Jérusalem, quand les partisans de Pierre élurent à sa place Siméon et rejetèrent Thébutis porté par les judaïsants pharisiens, que s’éleva le premier schisme formel. Pendant le siège de Jérusalem, les Judaïsants se séparèrent plus nettement encore du reste des chrétiens, s’unirent aux Esséniens, et formèrent la secte des Ébionites[1].

Le judaïsme était tellement prédominant chez eux, qu’à peine partageaient-ils encore avec les chrétiens la foi en la dignité du Messie, n’ayant d’ailleurs qu’une idée très-imparfaite de l’Homme-Dieu. Le Christ, en effet, n’était à leurs yeux qu’un pur homme, engendré suivant les lois naturelles par Joseph et Marie. De plus en plus attachés à leur opinion sur la nécessité de la loi de Moïse, obligatoire pour tous les hommes, ils haïssaient mortellement l’apôtre saint Paul, qu’ils prétendaient être un apostat[2]. Ils n’admettaient, comme source de leur doctrine religieuse, que l’Évangile hébreu de saint Matthieu[3], d’après le témoignage, peut-être contestable, de saint Irénée et de saint Épiphane. Quant à leur nom, il est assez difficile de dire si c’est une dénomination symbolique, désignant leur dénûment de tous biens terrestres ou leur pauvreté d’esprit[4], ou bien une appellation dérisoire marquant la pauvre opinion qu’ils avaient, du Christ[5], ou bien enfin une désignation historique, rappelant un personnage nommé Ébion[6]. Il n’est pas invraisemblable, et il y a des preuves historiques pour confirmer cette hypothèse, que, sortis de Jérusalem, les

  1. Eusèbe, Hist. ecclésiast. IV, 22 ; Just. Dial. c. Tryph. c. 48.
  2. Iren. Contra Hær. V, l, p. 292 ; Epiph. Hæres. XXX, 29, t. I, p. 154. Quand Origène, Contra Cels. V, 6, et après lui Eusèbe, Hist. ecelésiast. III, 27, et Théodoret, Hæreticar. fab. II, 1, disent : « Quelques Ebionites crurent à l’origine surnaturelle du Christ, » ils désignent les Nazaréens, qu’Origène ne distingue pas encore des Ebionites. Cf. le comm. du liv. II, Contra Cels. — Hieronym. Comm. in Is. I, 26 (Opp. ed. Martianay, t. III) ; Tertull. de Præscr. c. 33, p. 243 ; Iren. Contra hær. I, 26 ; Epiph. Hær. XXX, 16, t. I, p. 440.
  3. Iren. Contra hær. I, 26 ; Epiph. Hær. XXX, 3.
  4. De l’hébreu אָכְיוֹן (âkheiôn) pauvre. Clementin. Hom. XV, c. 7-9.
  5. Eusèbe, Hist. ecclésiast. III, 27.
  6. Tertull. de Præscr. c. 48 ; Epiph. Hær, XXX, 1.