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Ébionites entrèrent, dans leur nouvelle résidence, en relation avec les Esséniens, et particulièrement avec la plus haute classe de cette secte, savoir, les Elchesséens[1], ou encore avec l’un de ces sectaires, nommé Elchai. De là le caractère mystérieux, ascétique et théosophique que l’ébionisme dut à l’essénisme et à quelques autres doctrines occultes du même genre[2]. Les Clémentines (Κλημέντια (Klêmentia))[3] sont une œuvre de la secte des Elchesséens. On les nommait ainsi parce qu’on les attribuait à saint Clément, pape ; mais elles n’ont certainement pas été écrites avant la fin du IIe siècle, et la doctrine en est essentiellement judaïque.

Il ne faut pas confondre avec les Ébionites, les Nazaréens[4] (nom primitif de tous les chrétiens parmi les Juifs) ; et cette distinction, basée sur leur nom et leurs opinions, existe en effet chez saint Jérôme et saint Épiphane : ce sont probablement les successeurs des partisans de Pierre. Ils ne prétendaient, d’après saint Jérôme, étendre l’obligation d’observer la loi mosaïque qu’aux chrétiens nés Juifs. Ils ne croyaient pas, non plus, que le salut éternel dépendît de la conservation et de l’observation de la loi de Moïse, et c’est pourquoi ils reconnaissaient saint Paul comme l’apôtre des Gentils[5]. Ils croyaient que le Christ était le Fils de Dieu, surnaturellement enfanté par Marie[6]. Aussi saint Jérôme dit : Credunt in Christum Dei Filium, in quem et nos credimus, de sorte qu’ils formaient un parti plutôt schismatique qu’hérétique. Ils furent probablement poussés à cette séparation, parce qu’on ne voulut pas les admettre dans la

  1. La secte des Esséniens se composait de quatre classes, dont les trois premières sont désignées par les noms d’Esséniens, Sampséens et Elchesséens (בְנֵי חֵיל כְסֵי (benei ‘heil khesî)) (les fils de la vertu cachée), rapportés par Épiphane.
  2. Credner, sur les Esséniens et les Ébionites ; Winer, Gazette théologique, p. 2 et 3.
  3. Τὰ Κλημέντια (συγγράμματα) ou Κλήμεντος τῶν Πέτρου ἐπιδημιῶν ϰηρυγμάτων ἐπιτομή, c’est-à-dire 3 prolog. Et 20 (maintenant 19) Homélies. Ce système se trouve dans les Recognitiones (S. Clément), lib. X. C’est un roman philosophique religieux (Galland. Biblioth. t. II). Cf. Mœhler, Patrolog. t. I, p. 70-80. — Homiliæ Clementis edit. Dressel. Gœting. 1853.
  4. Act. XXIV.
  5. Hieron. Comment, in Is. 9, 1 sq.
  6. Hieron. Ep. 89 ad Augustin. ; August. de Hæresib. c. 9.