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Simon le Mage, né à Gitton, village de Samarie, d’abord élève, plus tard et après sa lutte avec saint Pierre, maître de Dosithée, avait puisé ses idées dans la théosophie des Alexandrins, et de là le caractère aphoristique, syncrétique et théurgique de son étrange doctrine. Il l’enseigna avec succès dans Samarie, sa patrie, et jusqu’à Rome, où le peuple, particulièrement superstitieux à cette époque, accueillit avec faveur ses procédés théurgiques[1]. Il eut un moment, et dans des vues indignes de la sainteté du Christianisme, le dessein et le désir d’embrasser l’Évangile. Déçu et vaincu par saint Pierre dans son ambition sacrilège (simonie)[2], il rompit tout rapport avec une doctrine qui dépassait la portée de son esprit et les étroites bornes de son système, et mourut, selon toute probabilité, sous le règne de Claude.

Simon admet un être primordial, unique, éternel, souverainement bon et parfait. Cet être n’est ni le créateur du monde, ni le dieu des Juifs, qu’il dépasse d’une incommensurable hauteur. Il est incompréhensible, ne se manifeste jamais dans le monde, mais réside dans la Pléroma (πλἡρωμα (plêrôma)) invisible séjour qui n’appartient ni au ciel ni à la terre, et que remplit éternellement une lumière immatérielle. De cet être primordial est né l’Ἒννοια (Ennoia), mère du monde des esprits, des anges et des archanges, natures pures, immuables, semblables au Père universel (èons, dieux), παμμήτωρ οὐσία ; σοφία ; ϰυρία ; προύνιϰος (pammêtôr ousia ; sophia ; kuria ; prounikos) et μεῦμα ἅγιον (meuma hagion). Ces natures pures, ces êtres bons sans mélange, sont au nombre de six, qui s’unissent entre eux (συζυγίαι, ῥίζαι (suzugiai, rhizai).) Ce sont νοῦς (nous) et ἐπίνοια (epinoia) ; φωνή (phônê) et ἒννοια (ennoia) ; λογισμός (logismos) et ἐνθὐμησις (enthumêsis). C’est par leur intermédiaire qu’Ἒννοια (Ennoia) créa le monde. — Mais bientôt

    IV, 17, in Joan., t. XIII, ed. de la Rue ; t. I, p. 128 ; t. IV, p. 237. Epiphan., Hær. XIII, ed. Petav. t. I, p. 30. Theodoreti, Hæret. fab. compend. lib. V ; lib. I, c. 2. Exposition critique des hérésies, par Hilger, t. I, P. I, p. 144. Simson, Vie et doctrine de Simon le Mage. (Illgen, Journal de l’histoire de la théologie, 1843, livr. III, p. 15-77.)

  1. La réalité historique de Simon le Mage a été parfaitement établie, contre Baur (Gnose chrétienne, p. 310), par Hilger, dans la Gazette de Bonn., livr. XXI, p. 48. Arnobii Disputat, adv. Gent. II, 7. (Galland., t. IV, p. 150.) — Clementis, Recognit. I, 72 ; II, 7. hom. II, 29.
  2. Act. VIII.