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dans la grande apologie adressée à Antonin le Pieux, et la petite apologie à Marc-Aurèle, par saint Justin, martyr[1]. Ce philosophe, mécontent des systèmes philosophiques qu’il avait étudiés, saisi d’enthousiasme à la vue des martyrs chrétiens, embrassa hardiment le christianisme et scella à son tour sa foi de son sang [entre 161 et 168]. Son disciple Tatien[2] attaqua et mit à nu, dans un langage passionné, les ignominies du paganisme [vers 170]. Athénagore, philosophe athénien, repoussa, avec autant de douceur que de dignité, les accusations d’athéisme et d’inceste, dans son apologie adressée à Marc-Aurèle ; il chercha à y démontrer philosophiquement le dogme de la résurrection, bafoué par les païens, et à convaincre l’empereur, par la vie des chrétiens, qu’ils n’étaient point indignes de sa protection[3]. Théophile, évêque d’Antioche [entre 170 et 180], écrivit bientôt après trois livres au païen Autolyque, et, dans un style aussi élégant que pur, il dépeignit les divisions intestines et l’insuffisance patente du paganisme[4]. Il y a souvent de l’obscurité et de la légèreté dans les sarcasmes d’Hermias contre les philosophes païens, dont il démontre les contradictions[5]. Clément d’Alexandrie, au contraire, homme d’une science profonde et d’une haute culture, s’efforça d’amener peu à peu les païens à la conviction de la vertu du christianisme, en montrant que son développement est conforme aux besoins les plus vrais de la nature humaine et en exposant

  1. Justin. Apolog. I et II, ed. Braun. Bonn, 1830. Cf Arendt., Recherches critiques sur les écrits de Just. dans la Rev. trim. de Tub., 1834, 2e livrais. Semisch, Justin le Martyr, monographie ecclés. P. I. Berlin 1840. Otto, de Justini Mart. scriptis et doctrina. Jen., 1841, Id. ed. Just. Opp. Jen., 1842. Peut-être les deux apologies n’en font-elles qu’une adressée à Antonin le Pieux.
  2. Λόγος πρὸς Ἕλληνας (Logos pros Hellênas), ed. Worth., Oxon., 1700. Cf. Daniel, Tatien l’Apolog. Halle, 1838.
  3. Πρεσϐεία περὶ χριστιανῶν (Presbeia peri christianôn), ed. Lindner. Longosal., 1744 (Galland. Biblioth., t. II, p. 3 sq.). Cf. Le Nourry, Appar. ad Max. Bibl. Patr., t. I, p. 476. Mosheim, de Vera ætate apolog. quam Athenag., etc. (Diss., vol. I, p. 269).
  4. Euseb. IV, 20 ; Hieronym., de Viris illustr., c. 25, Περὶ τῆς τῶν χριστιανῶν πίστεως (Peri tês tôn christianôn pisteôs), ed. Fell. Oxon., 1648, ed. Wolf. Hamb. 1724.
  5. Διασυρμὸς τῶν ἔξω φιλοσόφων (Diasurmos tôn exo philosophôn), ed. Dommerich, Halæ, 1794 ; ed. et illustr. Menzel. Lugd. Batav., 1840.