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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/270

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de chaleur, qui est le Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en Asie-Mineure surtout, beaucoup de ces sectaires disaient : L’union du Verbe avec Jésus n’est que d’un degré supérieur à son union avec les prophètes. Parmi eux se distinguait Paul de Samosate[1], évêque d’Antioche [depuis 260]. Plein d’esprit, mais d’un esprit mondain, amateur de la renommée et de la magnificence, d’une vie dissolue, Paul préférait l’éclat de son titre profane de ducénaire à ses fonctions sacrées d’évêque. Le Christ, disait-il, n’est qu’un homme (ψιλὸς ἄνθρωπος) ; son origine est comme celle de tout homme : il n’a pas préexisté à son apparition en ce monde ; cependant, Dieu l’a orné de grâces particulières, le Logos divin ayant habité en lui depuis le moment de sa conception. Pour cette raison, il admettait la conception surnaturelle du Christ (γεννηθεὶς ἐκ πνεύματος ἁγίου) ainsi que sa naissance d’une vierge (ἐκ παρθένου). Il nomme même le Christ Dieu, en ce sens que le Christ, par ses vertus toutes particulières, s’est élevé presque à la Divinité (ἐκ προκοπῆς τεθεοποιῆσθαι). Aussi ses partisans ne se servaient point de la formule du baptême employée par l’Église. Enfin, Paul pouvait même nommer le Christ θεὸς ἐκ παρθένου, en ce sens que sa divinisation était prédestinée, et se servir en un sens erroné du mot ambigu ὁμοουσία. Trois conciles d’Antioche [depuis 264] condamnèrent sa doctrine : dans le dernier de ces synodes [269], complétement réfuté et convaincu par Malchion, prêtre d’Antioche, il fut déposé, et un décret du concile en donna connaissance à toute l’Église catholique. Paul chercha encore à se maintenir en s’étayant de la puissance séculière et de la faveur de Zénobie, reine de Palmyre ; mais lorsque celle-ci eut succombé sous Aurélien [272], l’empereur décida que l’évêque d’Antioche serait celui que les évêques d’Italie et principalement celui de Rome nommeraient. Il fallut bien que Paul cédât ; il n’en survécut pas moins un parti, qu’on nomma Pauliniens ou Samosatiens.

  1. Euseb. Hist. eccles. VII. 27-30 ; Theodoret. Hær. Fab. II, 8 ; August. de Hær., c. 44 ; Epiph. Hær. 65 ; Mansi, t. I, p. 1033 sq. ; Harduin, t. I, p. 195 sq. ; Ehrlich, de Errorib. Pauli Samos. Lipsiæ, 1745 ; Feuerlin, de Hæresi Pauli Samosat. Gœtt., 1741, in-4° ; Dict. des hérésies, par Pluquet. Art. P. de Sam.