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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/96

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Les cyniques étaient voués à un juste mépris ; les péripatéticiens étaient rares ; les stoïciens, représentés surtout par Sénèque, Dion de Pruse et Épictète, jouissaient seuls de quelque estime ; encore admirait-on, bien plus qu’on observait, leur morale, quand le contraste de leur vie et de leur doctrine n’en faisait pas d’ailleurs un objet de juste raillerie[1]. Sénèque (3-65 ans apr. J.-C.) lui-même, le plus remarquable de ces philosophes moralistes, et qu’on a prétendu souvent n’avoir pu écrire que sous une influence chrétienne, enseignait des préceptes que contredisaient, sinon ses vrais sentiments, du moins sa conduite à la cour de Néron, dont il ne parvenait point à s’arracher. Ce qui caractérise encore le désordre moral et religieux de cette époque, c’est la faveur extraordinaire qu’obtint le pythagoréisme fantastique, renouvelé par Anaxilaüs, et plus tard par le fanatique Apollonius de Tyanes[2] (3 ans avant et 96 ans après J.-C.) ; et cela précisément dans les temps les plus civilisés de Rome, dans l’âge d’or des arts et de la littérature romaine, sous le principat d'Octave. De là naquit ensuite, en se mêlant à des éléments péripatéticiens et autres, sous la main des platoniciens, le Néoplatonisme : Bien loin de développer le besoin, si profondément senti par Platon, d’un secours supérieur, Apollonius, en vrai jongleur, trompait et pervertissait de plus en plus les esprits par cette orgueilleuse et célèbre prière : « Et vous, ô Dieu, donnez-moi ce qui m’est dû ! » Mais cette tentative, pour répondre aux besoins des esprits, resta sans effet sur la masse et les âmes les plus nobles. Le désespoir en devint plus général et plus profond. On en voit une frappante image dans la mythe de Psyché, qui date de cette époque[3]. Psyché, déchue, séparée de Dieu, erre inquiète et désolée, Cependant elle reprend courage ; elle cherche le Dieu qu’elle a

  1. Seneca, epist. 29.
  2. Voy. sa vie par Philostrate l’Ancien. (Philostr. Opp., gr. et lat., ed. G. Oleario. Lipsiæ 1709, in-f.) Il prétend s’être servi des Mémoires de Damis, compagnon d’Apollonius. Suivant Philostrate, ils étaient inconnus jusqu’à lui, et il n’aurait fait que leur donner une forme agréable et les contrôler par l’écrit de Maxime d’Égée. Mais les Mémoires de Damis sont tellement remplis d’anachronismes, qu’on est obligé de les rejeter comme apocryphes.
  3. Apuleius, Métamorph. IV, 83. Fulgentius, Mythologicor. III, 6.