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IX

Au puy de Sancy

Voilà donc nos deux hardis compagnons se rendant au puy de Sancy, et par le chemin le moins sûr.

En quittant le Capucin, ils laissèrent derrière eux les arbres, abordant une région où les sapins mêmes ne croissent plus. C’est à peine si on voyait, éparpillés, quelques genévriers rabougris ; en revanche, la pelouse se montrait superbe. Son herbe épaisse et haute semblait sans cesse rafraîchie par d’abondantes eaux. Cette pelouse était piquée de pensées d’un beau violet et d’œillets rouges ; de vigoureuses ombellifères y prodiguaient leurs bouquets de fleurs ; par places, la grande gentiane, poussant drue et serrée, balançait au vent sa tige desséchée ; dans les endroits moins humides, des myrtilles aux baies noires se multipliaient en touffes impénétrables.

Sur leur chemin se trouvait l’une des curiosités locales, le vallon de la Cour. C’est une enceinte qui mesure douze cents mètres de longueur sur six cents de large. Deux rochers énormes en gardent l’entrée. En se penchant, Jean et le fils du baron virent les blocs de lave qui représentent les juges — inamovibles ceux-là — de ce tribunal en plein air.

Il y avait là plusieurs jeunes filles pâles et souffrantes, conduites par leurs mères en ce lieu bien abrité pour y respirer les émanations balsamiques.

Le soleil qui faisait la journée si belle, calcinait les parois rocheuses situées au midi de la vallée du Mont-Dore. La fatigue commençait pour nos deux ascensionnistes, et aussi les dangers.

La crête des montagnes leur parut si aiguë, qu’ils commencèrent à renoncer