Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

lendemain de cette tragédie vit la mort violente du cardinal de Guise. Les corps des deux frères furent brûlés et jetés dans la Loire ; douze jours après la reine Catherine de Médicis, dévorée par une fièvre ardente, expirait dans une chambre qu’on vous montrera. Depuis ces événements lugubres, ajouta M. Pascalet, le château de Blois a servi de prison à Marie de Médicis, mère de Louis XIII ; Gaston d’Orléans, frère de ce roi, y fut exilé à son tour. En 1668, je crois, Louis XIV revenant de Chambord donna ici une fête somptueuse. Le château dont la démolition avait été commencée en 1793, fut restauré quelques années plus tard, et reçut Marie-Louise après la capitulation de Paris.

— Mes amis, ajouta M. Pascalet, je vais vous abandonner à un guide et je vous attendrai à cette place. Modeste, prenez note des restaurations qui ont été faites dans ces dernières années, les noms des architectes ; le nom de celui qui a dirigé la restauration de l’escalier de François Ier.

— C’est M. Duban, dit le gardien à qui Jean avait adressé la parole.

Le vieux savant s’assit sur un banc de pierre ; Modeste et Jean suivirent le gardien.

Une demi-heure après, ils revinrent, ayant parcouru le château un peu au pas de course.

— Qu’avez-vous vu ? leur demanda M. Pascalet.

— D’abord la salle des États, répondit Modeste Vidal, elle a quarante mètres de long sur vingt de largeur, a dit notre guide ; elle est divisée en deux parties par une rangée de huit colonnes ; nous avons ensuite admiré le magnifique escalier à jour.

— Et toi Jean, de quoi as-tu été le plus frappé ?

— L’escalier, toujours l’escalier, répondit le petit Parisien. On ne voit rien de semblable au Louvre… Ensuite, l’arrière-cabinet à l’entrée duquel le duc de Guise fut assassiné. On nous a raconté qu’Henri III avait fait aposter des gardes qui frappèrent le duc par derrière au moment où il sortait de la salle du conseil. Renversé, il alla tomber aux pieds du lit du roi en criant : « Mon Dieu ! mon Dieu ! miséricorde ! » Le gardien nous a montré la place qu’il a tachée de son sang.

— Rien n’est moins certain que cette place, selon les historiens modernes, dit M. Pascalet. Et puis ? quoi encore ?

— La chambre à coucher du roi ; les salles des gardes du roi et des gardes de la reine ; le grand salon de la reine, le cabinet de Catherine de Médicis ; la chambre où elle est morte…