Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/280

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De Lespine, jeune homme de Rouen, dont le crime était de s’être battu en duel deux ou trois jours seulement auparavant, aux portes de la ville, ce prisonnier, détenu au bailliage, étant blessé au point de ne pouvoir venir à pied du bailliage au parlement, « fut apporté dans ung pennier d’ozier, pour raison de sa blessure. On le fit entrer dans la conciergerie, encore que l’on sçeust bien que le pennier ne pourroit point passer par le dégrey de la Tournelle ; puis on le fit ressortir de la conciergerie et monter par les dégréz de la grand’salle des procureurs[1] » C’est qu’alors on faisait monter les prisonniers de la conciergerie par un escalier de la Tournelle, qui aujourd’hui n’existe plus, ou du moins n’est plus d’usage. En entrant dans la chambre dorée, le prisonnier se jetait à genoux. Immédiatement on le faisait asseoir sur la sellette ; et alors commençait son interrogatoire ; « cet interrogatoire étoit toujours sévère ; le premier président avoit soin d’y rappeler toutes les charges du procès, et de demander au rapporteur et à chacun de messieurs du parlement, s’ils n’avoient point d’autres interrogats à faire, les invitant à le suppléer, s’il avoit omis quelques charges essentielles[2]. » L’interrogatoire étant fini,

  1. Registre du parlement.
  2. Lettre de M. Hue de Miromesnil, premier président, à M. Bertin, ministre, 18 septembre 1766. (Registres du parlement.)