Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/295

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prisonnier était-il sorti du palais qu’un messager allait, en toute hâte, avertir le chapitre que le prisonnier était libre et sur le cartel (pavé) du roy. L’archevêque ordonnait de sonner, et bientôt toutes les cloches de Notre-Dame, mises en volée, Georges-d’Amboise par-dessus toutes les autres, puis, presqu’aussi-tôt, les innombrables cloches de toutes les églises de Rouen annonçaient au peuple la délivrance du prisonnier. Alors, dans la ville, quels transports de joie ! Mais ce sentiment n’était point renfermé dans les murs de Rouen ; la voix tonnante de l’immense Georges-d’Amboise se faisait entendre à six et sept lieues à la ronde ; partout, dans les campagnes, on tressaillait à ce signal désiré, et un poème latin nous apprend qu’en témoignage d’allégresse, les villageois buvaient le vin le plus vieux de leurs celliers[1].

Un jour de l’Ascension (10 mai 1526), à peine le chapelain était-il sorti avec le cartel d’élection, pour se rendre au Palais, que l’on entendit toutes

  1. «Illa vocalis gravis ære moles,
    »Nominis magni titulo superba
    »Laudis in partem venit et boanti
        »Immurmurat ore.
    »Rura jam late venerantur omen ;
    »coronatis pia testa cellis
    »Rite audatur, patulum que vincit
        »Guttur amystis. »

    (Poème sur la fierte, imprimé en 1741.)