Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
L’ATELIER D’INGRES.

ceux qui auraient affronté cette espèce de déshonneur, on aurait trouvé des fous peut-être, mais aussi certainement des hommes de talent.

Ce qu’un artiste qui se croit injustement frappé désire avant tout, c’est d’en appeler au public, de montrer son œuvre : le moyen lui en était tout naturellement offert.

Lorsque Eugène Delacroix, Rousseau, Gigoux étaient refusés, ils auraient saisi avec empressement cette occasion de faire juger leurs œuvres, ce qui ne leur était possible que chez eux, et par conséquent dans un cercle très-restreint.

J’ignore les motifs qui ont mis fin tout à coup à cette exposition des Refusés. On a tenté de la transporter ailleurs ; mais il était évident qu’elle ne pouvait avoir assez d’intérêt pour attirer la foule et subvenir à ses frais. Aussi, le peu de curiosité qu’a inspiré la dernière me fait supposer qu’on s’arrêtera là.

J’ai vu des injustices bien réelles, bien évidentes ; j’ai vu de grandes douleurs, des malheurs même résulter de ces jugements de parti pris et de rivalités d’écoles. Peut-être, à cause de cela, ai-je pris la chose au sérieux, trop au sérieux, selon quelques-uns ; toujours est-il que j’ai pensé beaucoup à cette question, qu’elle m’a longtemps préoccupé, et je suis arrivé à m’apercevoir qu’il