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PREMIERS ESSAIS DE PEINTURE.

gnent quelques procédés pour faciliter et abréger les premiers essais de leurs élèves ; mais, dans tous les conseils que j’avais entendu M. Ingres donner à mes camarades, je n’avais pas saisi un seul mot qui pût indiquer la marche à suivre, ou faire comprendre un seul côté du procédé matériel ; aussi je dus peindre cette première étude comme les maîtres les plus primitifs, presque comme l’inventeur.

Un jour que nous étions tous à l’ouvrage, la porte s’ouvre tout à coup, et M. Ingres paraît.

Étonnement de sa part, et grand embarras de la nôtre.

Le massier va à lui, et lui explique qu’ayant eu le désir de travailler le dimanche, il n’avait pas cru indiscret de nous ouvrir l’atelier.

« Mais comment donc ! dit M. Ingres, vous avez fort bien fait ; j’aime à voir cet amour du travail, et je vous en félicite, au contraire.

— Moi, dis-je en souriant un peu, j’ai peut-être commis seul une faute en cherchant à peindre sans votre autorisation.

— Pas du tout, mon garçon ; c’est très-bien à vous d’avoir cette petite ambition ; on ne peut se faire trop tôt à ce difficile métier, et vous êtes arrivé au point où cela vous est permis. Eh bien ! Messieurs, voyons un peu ce que vous faites. »