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parlent de Dieu, d’éternité, d’infini à la contemplation, l’aurore est l’heure des projets, des volontés, de l’action naissante. Tandis que le silence et la « morne sérénité de la voûte azurée » inclinent l’âme à se recueillir, la sève et la gaîté de la nature se répandent dans le cœur et le poussent à vivre. — Le printemps est là. Primevères et violettes ont fêté son arrivée. Les pêchers ouvrent leurs fleurs imprudentes ; les bourgeons gonflés des poiriers, des lilas, annoncent l’épanouissement prochain ; les chèvrefeuilles sont déjà verts. Poètes, chantez ! car la nature chante déjà son chant de renaissance. Lorsqu’elle exhale par toutes les feuilles et bourdonne par tous les êtres son hymne d’allégresse, les oiseaux ne doivent pas être seuls à faire entendre une plus distincte voix.


XXII. — DÉLICATESSE EXAGÉRÉE.


Le dégoût de la banalité et du plagiat peut avoir une conséquence fâcheuse ; il risque de vous ôter le goût à vos propres idées, quand vous les voyez reprises et défendues par d’autres.


XXIII. — LE BOUTON DE LA ROSE.


Une amie d’enfance ! chose fraîche et poétique ! amitié toujours un peu émue, protection toujours un peu tendre ; attachement qui unit l’intérêt chaste de la fraternité à la grâce piquante et idyllique d’une amourette ; qui fond le charme du souvenir avec l’attrait de la nouveauté ; qui permet de