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Tu sais vivre en toi-même,
Et, quand meurent tous bruits,
Ton âme, instant suprême,
Entend la voix qu’elle aime
Dans le calme des nuits.

Le jour est pour la vie ;
Tu sais vivre en aimant ;
Ton âme est poursuivie
De l’immortelle envie
Du complet dévoûment.

Bien souvent ton cœur saigne,
Non que Dieu l’ait puni,
Non que, timide, il craigne,
Ou que, lâche, il se plaigne,
Mais il veut l’infini.

Sainte, aimante, héroïque,
L’œil limpide et loyal,
Ton profil est antique,
Ta voix une musique,
Ton rêve, l’idéal.