Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/294

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sévère. Son regard me fait trembler de la tête aux pieds. S’il était mon confesseur, je n’aurais pas le courage, en vérité, de lui tout dire, et alors, bon Dieu, où en serions-nous ? Le tableau qu’il nous a fait de l’enfer m’a causé une si grande frayeur que je n’en reviens point : et quand il a parlé des pécheurs, j’ai cru qu’il allait tous nous manger.

— Vous avez raison, signora, reprit don Christoval ; un excès de sévérité est, dit-on, le seul défaut d’Ambrosio. J’ai ouï dire que, dans l’administration intérieure de son couvent, il a déjà donné à l’égard des autres religieux quelques preuves de l’inflexibilité de son caractère. Mais la foule commence à se dissiper ; voulez-vous nous permettre, mesdames, de vous accompagner jusqu’à votre demeure ?

— Ô ciel ! s’écria Leonello en faisant semblant de rougir, je ne voudrais pas, monsieur, pour tout au monde, souffrir que vous prissiez tant de peine. Ma sœur est si scrupuleuse qu’elle me ferait une grande heure de réprimandes, si elle me voyait rentrer accompagnée par un cavalier inconnu. D’ailleurs, je désirerais, monsieur, que vous voulussiez bien différer encore quelque temps vos propositions.