Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme la Fortune de Præneste. Elle s’appelait aussi la Fortune publique[1].

Ainsi s’était transformée l’idée toute pélasgique d’une déesse mère en celle d’une divinité politique sous l’influence de l’esprit romain.

En voyant les temples de la Fortune accumulés dans la région du Quirinal, j’ai peine à me figurer qu’il n’y ait pas eu dans cette région, qui fut pélasge et sabine, un culte de cette déesse institué par les Pélasges et adopté par les Sabins.

Le culte de la Fortune existait aussi chez les Étrusques. Ils regardaient Cérès, Palès et la Fortune comme leurs Pénates[2] ou dieux protecteurs, et leur grande déesse Nortia était la même que la Fortune[3].

Le principal temple de Nortia était à Volsinii (Bolsène)[4].

Dans le mur de ce temple, on enfonçait le clou sacré qui marquait les années comme au Capitole.

  1. Ov., Fast., IV, 375.
  2. Serv., Æn., II, 325.
  3. Mart. Cappell., I, 8, 9 ; Juv., Sat., X, 74.
  4. M. Gherard (Ub d. met. spieg. d. Etr.) croit Nortia une déesse pélasgique dont le culte aurait été introduit en Étrurie par les Ombriens. En effet, il a existé un temple célèbre de cette déesse à Fano, qui doit son nom moderne à ce temple (Nortiæ Fanum), à Ferentia, à Arna. Les Ombriens sont un peuple sabellique, et on trouve le culte de la Fortune à Antium, chez un autre peuple de la même famille, les Volsques. Nortia semble donc une divinité ombrienne plutôt qu’étrusque.