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La tradition populaire, encore cette fois vraie dans ses mensonges et éclairée dans sa crédulité, avait exprimé cette faveur de la Fortune, qui semblait s’être donnée au vaillant aventurier, en supposant qu’elle avait coutume de venir la nuit le visiter en entrant par la fenêtre[1]. La Fortune fut l’Égérie de celui que Tite Live compare à Numa. Je remarque une différence entre les deux légendes. Égérie, la nymphe champêtre, la Camène du bois Sacré, converse avec Numa sous les chênes de la colline, au murmure de la source sacrée à l’époque de Servius, les choses ont changé, la civilisation a marché, et la poésie s’est retirée. La Fortune vient le chercher au milieu d’une ville et entre chez lui par la fenêtre[2].

L’heureux aventurier, le condottiere parvenu, éleva deux temples à la Fortune, qui l’avait fait régner.

Le premier dans le marché aux boeufs[3], lieu consacré par les plus anciens souvenirs pélasgiques, par la venue et les exploits d’Hercule ; sous les influences de l’austérité sabine, puissantes encore sur la religion et les mœurs[4],

  1. Ov., Fast., VI, 571 ; Plut., Fort. Rom., 10 ; Quæst. Rom., 36.
  2. C’était avant sa grandeur qu’il avait reçu ces encouragements de la Fortune, quand il habitait encore la demeure de son beau-père, Tarquin. C’est donc de ce côté qu’était le lit de la Fortune dont parle Plutarque.
  3. Den. d’Hal., IV, 27.
  4. Caton, le vieux Sabin, dédia sur le Palatin un temple à la Fortune vierge.