Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même, quand la royauté sabine n’était plus, Mastarna dédia ce temple à la Fortune vierge[1], donnant, comme on voit, à la Fortune, dans l’origine divinité mère chez les Pélasges, un attribut étrangement décerné à une déesse qu’on a souvent accusée de prodiguer ses faveurs, par un roi qui en savait, disait-on, quelque chose ; c’est probablement sur l’emplacement de ce temple que s’est élevé celui d’une vierge plus sainte, l’église de Santa-Maria in Cosmedin[2].

L’autre temple que Servius éleva à la Fortune était

  1. C’est ce qui me paraît résulter d’un passage de Varron cité par Nonius Marcellus (p. 189), dans lequel il est fait allusion au double vêtement qui couvrait la statue de Servius dans le temple de la Fortune Undulatis togis. Voyez Pline (VII, 74,1), qui appelle aussi Undulatam la toge de Servius Tullius. Cette Fortune est dite par Varron Virgo fortuna. Or c’est bien dans ce temple du marché aux bœufs, et non dans celui qui était hors de Rome, que se trouvait la statue voilée de Servius ; car Ovide ne parle pas de cette statue voilée à propos de la fête de Fors Fortuna, qu’on célébrait à la fin de juin, mais à propos de celle qu’on célébrait, le 11 du même mois, en l’honneur de la Fortune du marché aux bœufs, et de Matuta. Le temple de celle-ci était lui même dans le marché aux bœufs et près de celui de la Fortune, ce qui nous ramène encore au temple du marché ; c’est donc celui-là où était la statue voilée, et qui était dédié à la Fortune vierge. Plutarque (Fort. Rom., 10) mentionne également un temple de la Fortune vierge près de la source moussue, ce qui convient aux environs du Vélabre, où il y a encore des sources moussues, aux environs de la Cloaca Maxima. En énumérant d’autres temples de la Fortune, tous dans Rome, s’il eût parlé de celui qui était à deux lieues de Rome, il en eût fait la remarque.
  2. Beck. Handb., p. 481.