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L’Italie veut être. Ceux qui méconnaissent ce désir, de tous le plus légitime, sont bien aveugles, et ceux qui ne l’honorent pas, bien injustes.

Cette agglomération successive de diverses petites Romes en une cité unique fait comprendre comment on a pu passer en assez peu de temps de la ville du Palatin à la ville des huit collines, et dispense de supposer nécessaire, ce qui du reste n’est pas impossible, que le nombre des rois de Rome ait été plus considérable qu’on ne l’admet généralement.

Les savants qui se récrient en Allemagne contre la pensée que les Romains étaient un peuple de race mêlée (Misch-Volck) me semblent ne pas bien comprendre ses origines, et surtout n’en ont pas assez contemplé le théâtre. Chacune des collines de Rome, se dressant devant eux, aurait réclamé sa part dans la formation de la ville des huit sommets. La cité sabine surtout, qui en couvrit le plus grand nombre, aurait revendiqué la sienne.

D’ailleurs, d’assez grandes nations, la nation française et la nation anglaise, par exemple, sont de sang mêlé, sont sorties de l’association de deux peuples et du mélange de plusieurs races.

C’est même, je crois, la seule explication qu’on puisse donner de la supériorité de Rome sur les villes voisines, qui lui étaient pareilles dans les commencements. Elle leur devint supérieure, parce que, au lieu d’être comme elles une seule ville, elle fut plusieurs villes.