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Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/124

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gier[1] s’ils étaient attaqués ou surpris, en unissant les membres de la même tribu par des liens étroits de confraternité, par des fêtes célébrées en commun[2], Servius donnait aux hommes de la campagne une organisation démocratique qui leur permettait de résister aux empiétements de l’aristocratie sabine, dont les superbes descendants devaient envahir un jour les terres de l’État, et à l’ombre du droit de possession usurper le droit de propriété[3].

L’organisation des tribus de la ville et des tribus de la campagne fut donc créée par Servius dans une intention favorable aux Latins, et, ce qui était à peu près la même chose, aux plébéiens[4]. Les patriciens, s’ils furent

  1. Den. d’Hal., IV, 15.
  2. Les Paganalia, qui étaient pour les tribus rustiques ce qu’étaient pour les tribus urbaines les Compitalia.
  3. La propriété, dit Niebuhr, appartenait exclusivement aux plébéiens ; si on en excepte ce qui était sous les murs mêmes de la ville, la véritable propriété ne se trouvait qu’entre les mains de ces derniers. (Niebuhr, Hist. R., II, p. 161.)
  4. On pourrait opposer à cette assertion les noms des tribus rustiques, dont la plupart sont des noms de gentes patriciennes, Fabia, Cornelia, Æmilia, etc. Ces noms ne remontent pas à Servius ; ils nous sont donnés à propos des tribus telles qu’elles existaient dans les premiers temps de la république, quand les patriciens étaient maîtres de tout et tendaient en toute chose à dominer et à amoindrir les plébéiens. Alors les familles aristocratiques établies à la campagne avaient pu donner leur nom aux tribus au sein desquelles elles résidaient. Quelques-unes cependant, comme la tribu Lemonia, près de la porte Capéne, la tribu Pupinia, au pied de la montagne de Tusculum, avaient conservé une domination tirée du lieu qu’elles habi-