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CHANT DE LA PARRICIDE.

Elle disait, la fière Tullie : « Pourquoi les dieux m’ont-ils donnée à cet Aruns, qui ne sait pas désirer et ne sait pas oser ? Que ne suis-je la femme de Tarquin ! Celui-là, c’est un homme ; celui-là, il est vraiment né d’un sang de roi.

« Je te méprise, ô ma sœur ! toi, tu as pour époux un homme, et c’est toi qui ne sais pas oser. »

Alors elle va vers Tarquin, la femme méchante et hardie, et elle lui dit : « Ton frère est un lâche ; il ne mérite pas de régner un jour.

« Il est né pour le trône, et il ne s’indigne pas en voyant sa place occupée par un autre ; il n’est pas impatient d’être roi.

« Et toi, Tarquin, on t’a donné une femme sans courage, qui n’a pas besoin que tu sois roi.

« Elle file la laine pour te faire un vêtement ; mais à ce vêtement il manque une bordure de pourpre.

« Oh ! vaillant Tarquin si j’étais ta femme, je te filerais aussi un vêtement ; mais je voudrais qu’il fût bordé de pourpre, quand cette pourpre devrait être du sang. »

Tullie était ardente et superbe ; Tarquin aussi était superbe, car c’est le nom qu’on lui a donné.