Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/143

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à la pitié que fait naître sa fin tragique et à l’horreur qu’inspirent ses meurtriers.

En lisant le récit de cette mort, on sent que la poésie populaire, qui s’entend à présenter la tradition par son côté le plus émouvant, a donné à celle-ci une physionomie dramatique, frappante surtout pour qui contemple le drame sur le théâtre où il a été joué.

Servius Tullius était vieux. La plebs, formée des Latins de Rome et des environs, entourait d’affection et de respect le roi populaire qui avait constitué le peuple romain et l’avait placé à la tête de la race latine mais dans sa famille se préparait le coup qui devait l’atteindre. Il avait deux filles portant le nom étrusque et ombrien de Tullie, et mariées à deux fils ou petits-fils de son prédécesseur, l’un appelé, comme son père ou son aïeul, Tarquin ; l’autre, Aruns. Tarquin, ambitieux et emporté, avait une épouse d’un caractère honnête et doux. Son frère, Aruns, sans ambition et sans orgueil, était le mari de cette terrible Tullie qui seule figure dans l’histoire sous un nom qu’elle a rendu fameux en le déshonorant, et qui devait aller jusqu’au parricide.

Ici commence la tragédie ou plutôt le vieux chant épique, qu’on sent sous le récit lui-même très-poétique de Tite Live, et que j’ai essayé de retrouver.