Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/150

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Tarquin répond « C’est sur le trône de mon père que je suis assis. Le fils d’un roi y est mieux placé qu’un misérable esclave. Assez longtemps dans ton insolence tu as insulté ton maître, »

Mastarna suffoque de colère ; il s’avance vers Tarquin d’un pas qui ne chancelle plus, avec la majesté et la fermeté d’un vieux roi qui a été un guerrier vaillant.

Tarquin s’élance vers lui furieux et menaçant, et, d’un geste superbe, il lui fait signe de descendre les degrés de la Curie. Le vieux Mastarna reste immobile, et dit : « Retire-toi, meurtrier de ma fille, retire toi. »

Alors Tarquin, l’orgueilleux Tarquin, ne se possède plus ; il ouvre ses bras puissants, il saisit le vieux roi et l’étreint comme s’il voulait l’embrasser ; mais il ne veut point l’embrasser, il veut lui donner la mort. Le fort jeune homme saisit l’infirme vieillard ; il l’enlève de terre et le précipite au bas des degrés par où l’on descend de la Curie vers le Comitium au pied des fiers patriciens sabins.

Tout meurtri, tout sanglant, étourdi de sa chute, le vieillard se relève. Ce coup terrible a intimidé les plébéiens, ses partisans, dans le marché. Les superbes patriciens du Comitium rient en le voyant rouler les degrés de la Curie, en le voyant se relever tout meurtri, tout sanglant.

Le vieux roi s’en va d’un pas boiteux regagner sa