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Le genre de vie de Lucrèce à Collatie, où elle file bien avant dans la nuit, opposé à la dissipation des épouses des jeunes princes, c’est l’austérité des coutumes sabines opposée à la mollesse et au relâchement des mœurs de la Rome étrusque.

Sextus a les mœurs de sa nation, représentées toujours comme sensuelles et dissolues. L’hospitalité confiante avec laquelle il est reçu, l’odieux abus qu’il fait de cette hospitalité, sont de nouveaux traits du même contraste, tel que la tradition ou la poésie populaire, encore cette fois évidemment sabines, s’étaient complu à le présenter.

Dans Tite Live, tout le drame de la mort de Lucrèce a Collatie pour théâtre.

Denys d’Halicarnasse la fait venir à Rome pour se tuer, ce qui n’a pas de motif. Il faut laisser le lieu de la scène dans la petite ville sabine de Collatie[1], d’où Lucrèce n’avait nulle raison de sortir, d’où peut-être elle n’était jamais sortie.

Collatie était certainement voisine d’un site connu des peintres, Lunghezza[2], dont le paysage tranquille va bien au souvenir de la paisible vie que menait là l’épouse de Collatin.

Son souvenir est dans ces lieux immortalisés par sa vertu Laude pudicitiæ celebres.

  1. Tit. Liv., I, 38.
  2. M. Rosa vient de constater que Collatie était sur l’emplacement même de Lunghezza. (Rome, février 1861.)