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Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/248

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tion l’attribuait à l’épouse de Numa[1], fille de Tatius.

Lucrèce vivait dans une ville sabine, Collatie[2]. Collatie était un fief que le premier Tarquin avait donné à son frère. Ce frère, qui s’appelait Aruns, avait pris le nom d’Egerius, nom sabin, car il est le même que celui de l’Égérie de Numa[3]. Le fils d’Egerius, Collatin, avait succédé à son père dans la possession de Collatie, dont il portait le nom, comme on portait le nom d’un fief au moyen âge ; peut-être aussi parce qu’il y était né.

Il y avait épousé la fille d’un chef sabin du pays, Lucretia.

Ceci posé, l’histoire de Lucrèce acquiert son véritable sens.

    deux surnoms des Cornelii, gens sabine établie sur le Quirinal. Il y a un Lucretius Flavus, tribun consulaire en 373. Flavus, qui veut dire blond, est un surnom caractéristique fréquent dans les familles sabines ; ce mot entre dans le nom des Flaviens, que l’on sait avoir été Sabins.

  1. Plut., Numa, 21.
  2. Tit. Liv., I, 38. Collatia et quidquid circa Collatiam agri erat Sabinis ademptum. Il y avait une Collatia en pays sabellique, dans l’Apulie. (Pl., Hist. nat., III, 16, 4.)
  3. On ne peut prendre au sérieux l’étymologie d’Egerius, tirée d’egere, manquer, parce que Egerius était né pauvre (Den. d’Hal., III, 50), pas plus que celle de Collatia, ex Collata pecuniâ, par qu’on y transporta l’argent des autres villes (P. Diac., p. 31) apparemment avant qu’elle eût un nom. Le nom de Coliatia vient de collis, parce qu’elle était sur plusieurs collines : Et Collatinas imponent montibus arces. (Virg., Æn., VI, 774.) Le mot Collis était sabin, car c’était le nom du Quirinal, d’où porta Collina.