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les tours des barons, que le peuple, dès qu’il était le maître, se hâtait de démolir.

Valerius n’attendit pas qu’on se portât à cette extrémité, et il vint habiter au pied de la Velia. C’est le premier triomphe des plébéiens sur l’aristocratie romaine et la première concession de cette aristocratie.

Car c’était aux plébéiens qui se réunissaient dans le marché placé immédiatement au-dessous de la Velia, c’était à eux que leur origine latine devait surtout rendre suspect un lieu fortifié par la nature et redoutable par l’occupation héréditaire des Sabins.

L’histoire du temple de Jupiter est étroitement liée à l’histoire de la révolution qui fonda la république. Les travaux auxquels le tyran condamna le peuple pour l’achever plus tôt contribuèrent à soulever contre lui les populations opprimées. Mais il ne lui fut pas donné de dédier ce temple, œuvre magnifique de sa puissance. Le superbe fut puni dans son orgueil. À un consul obscur, Horatius Pulvillus, échut l’honneur qui était refusé au glorieux despote. La liberté consacra le monument qu’avait élevé la tyrannie.

Ce que l’on raconte de cette dédicace montre chez le Sabin[1] Horatius cette dure et froide énergie que déjà fait paraître un autre Sabin, Junius Brutus, et que les hommes de cette race infusèrent dans le caractère romain.

  1. Tit. Liv., II, 8.